Cession de fonds de commerce et bail commercial : quelles règles ?

La cession de fonds de commerce est une opération juridique complexe qui implique plusieurs éléments essentiels : le fonds de commerce, le bail commercial, les droits et obligations du bailleur et du locataire, ainsi que les conditions de cession prévues par le Code de commerce. Cette transmission ne concerne pas uniquement la vente d’un actif, mais aussi la poursuite d’une activité commerciale dans un local commercial donné, soumis à un contrat de bail commercial.

Comprendre les règles de cession est donc fondamental pour le cédant, l’acquéreur et l’ensemble des parties impliquées dans cette opération.

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1. Définition du fonds de commerce et rôle du bail commercial

Le fonds de commerce désigne l’ensemble des éléments incorporels et corporels qui permettent à un professionnel d’exploiter une activité commerciale : la clientèle, le nom commercial, le droit au bail, le matériel et les contrats attachés à l’exploitation.

Parmi ces éléments du fonds, le droit au bail commercial occupe une place centrale. Il permet au commerçant locataire d’occuper un local et d’y exercer son activité dans des conditions protégées par le statut des baux commerciaux prévu aux articles L.145-1 et suivants du Code de commerce.

Le bail commercial est donc indissociable du fonds de commerce, car la possibilité de céder son bail détermine la valeur du fonds. Sans droit au bail, il n’y a pas d’exploitation possible du fonds dans les lieux loués, et la valeur locative devient un critère majeur dans l’évaluation du fonds.

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2. Les éléments du fonds et le droit au bail commercial

Le fonds de commerce comprend :

  • des éléments incorporels (la clientèle, le droit au bail, le nom commercial, les licences, brevets ou marques) ;
  • des éléments corporels (le mobilier, le matériel, les équipements).

Le droit au bail commercial est l’un des éléments essentiels. Il confère au commerçant le droit de bénéficier du renouvellement du bail, sauf motif grave. Ce droit au renouvellement est une véritable protection juridique pour le preneur, prévue par l’article L145-8 du Code de commerce.

Lors d’une cession de fonds de commerce, ce droit au bail est automatiquement transféré à l’acquéreur, sauf stipulation contraire. En pratique, le locataire de céder son bail doit respecter les conditions de cession prévues au contrat et informer le bailleur.

La cession du bail commercial permet ainsi au cessionnaire de poursuivre la même activité commerciale dans les locaux commerciaux, en bénéficiant des mêmes droits du bailleur et des mêmes obligations que son prédécesseur.

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3. Principes et conditions de cession d’un fonds de commerce

La cession de fonds de commerce est une opération juridique à titre onéreux qui transfère la propriété du fonds d’un cédant vers un acquéreur. Elle suppose un accord des parties sur la chose (le fonds) et sur le prix de cession.

Le Code de commerce impose plusieurs formalités :

  • la rédaction d’un acte de cession, souvent sous forme d’acte authentique ou d’acte sous seing privé ;
  • la publication au registre du commerce ;
  • la notification au bailleur ;
  • le respect d’un délai d’opposition pour les créanciers.

Certaines conditions suspensives peuvent être prévues, par exemple : l’obtention d’un financement, l’absence d’opposition à la cession, ou l’accord du bailleur. En pratique, la procédure de cession inclut toujours la vérification des clauses du bail commercial et des autorisations préalables.

Le prix de vente du fonds de commerce inclut généralement le droit au bail, les éléments incorporels (clientèle, nom commercial) et les éléments corporels (matériel, stocks).

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4. Les règles de cession du bail commercial

La cession du bail commercial est régie par le Code de commerce, mais les clauses du bail peuvent en préciser les modalités. En principe, la cession du fonds de commerce entraîne la cession du bail commercial, sauf si le contrat prévoit une clause contraire.

Cependant, certaines clauses de cession sont réputées non écrites lorsqu’elles contreviennent à l’ordre public du statut des baux commerciaux. Par exemple, une clause qui interdirait toute cession du bail commercial serait illicite si elle empêche la cession du fonds de commerce.

Le locataire peut donc céder son bail librement dans le cadre d’une cession de fonds de commerce, mais il doit respecter les conditions prévues au contrat de bail commercial.

Le bailleur peut toutefois encadrer cette liberté par :

  • une clause de solidarité : le cédant reste garant du paiement du loyer et de l’exécution des obligations du cessionnaire ;
  • une clause d’agrément, exigeant son accord préalable ;
  • une clause imposant la notification au bailleur ou la signature d’un acte de cession devant notaire.

Le bailleur et le locataire doivent donc agir dans le respect des dispositions légales, faute de quoi la cession du bail commercial peut être frappée de nullité.

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5. Droits et obligations du bailleur et du locataire

Le bailleur a pour principale obligation de délivrer au locataire un local commercial conforme à la destination du bail et d’assurer la jouissance paisible des lieux loués.

Le locataire, pour sa part, doit :

  • payer le loyer convenu ;
  • entretenir les locaux commerciaux ;
  • exploiter le fonds de commerce conformément à l’activité prévue ;
  • respecter les clauses du contrat de bail commercial.

En cas de cession de fonds de commerce, les obligations du locataire se transmettent au nouveau locataire, qui devient titulaire du bail. Le bailleur peut exiger une garantie solidaire entre l’ancien et le nouveau preneur pendant une durée du bail restant à courir.

La solidarité fiscale et la garantie financière peuvent également s’appliquer pour certaines créances de loyers.

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6. Clauses, autorisations et formalités de la cession du bail commercial

La cession du bail commercial requiert le respect de plusieurs formalités cession bail :

  1. Notification au bailleur de la signature du contrat de cession du fonds ;
  2. Respect d’un éventuel accord du bailleur, lorsque le contrat de bail comporte une clause d’agrément ;
  3. Réalisation d’un état des lieux contradictoire ;
  4. Publication de l’acte de cession au registre du commerce ;
  5. Enregistrement fiscal et paiement des droits correspondants.

Le bailleur dispose parfois d’un droit de préemption ou de préférence lorsqu’il souhaite acquérir le fonds de commerce ou le bail commercial. Ce droit de préemption doit être exercé dans un délai strict, souvent d’un mois, selon la loi Pinel.

Certaines clauses de solidarité permettent au bailleur de poursuivre le cédant en cas de défaut de paiement du loyer par le cessionnaire. D’autres, en revanche, sont réputées non écrites si elles excèdent les limites fixées par le Code de commerce.

Le bailleur ne peut s’opposer à la cession que pour des motifs légitimes, tels qu’une modification de l’activité non conforme à la destination du bail ou un manquement grave du locataire.

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7. Effets juridiques et conséquences de la cession

La cession du bail commercial entraîne le transfert de l’ensemble des droits et obligations attachés au bail au profit du cessionnaire. Celui-ci devient le titulaire du bail, et bénéficie du droit au renouvellement, des clauses du contrat, et des conditions financières prévues à l’origine.

Le cédant reste toutefois responsable envers le bailleur en vertu de la clause de solidarité, sauf stipulation contraire.

En cas de non-respect des formalités, la cession du fonds de commerce ou la cession du bail peut être annulée. Le tribunal de commerce peut également être saisi pour trancher les litiges relatifs à l’interprétation du contrat de bail commercial ou aux conditions de cession.

Sur le plan fiscal, la vente du fonds de commerce donne lieu au paiement de droits d’enregistrement dont le montant dépend du prix de cession.

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8. Différences entre cession du fonds et cession du bail

Il convient de distinguer la cession de fonds de commerce et la cession du bail commercial :

  • La cession de fonds de commerce transfère tous les éléments du fonds (clientèle, matériel, droit au bail, etc.).
  • La cession du bail ne porte que sur le contrat de location du local commercial, sans transfert de la clientèle ni du matériel.

Les différences cession fonds tiennent donc à l’objet juridique de l’opération. Dans la cession du bail, le cessionnaire devient simplement locataire, tandis que dans la cession du fonds, il devient exploitant du commerce.

Le Code civil et le Code de commerce encadrent ces deux opérations selon des régimes juridiques distincts.

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9. Exemple pratique : une cession avec changement d’activité

Prenons l’exemple d’un locataire exploitant une boulangerie qui souhaite céder son fonds de commerce à un repreneur désirant y installer un salon de thé.
Si le contrat de bail commercial limite l’activité autorisée, il faudra obtenir l’accord du bailleur pour cette modification d’activité.
À défaut, le bailleur pourra s’opposer à la cession, invoquer une violation du bail et demander la résiliation du bail.

Cet exemple illustre l’importance de vérifier la destination du bail avant toute cession de fonds.

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10. Pourquoi faire appel à un avocat pour la cession d’un fonds de commerce ?

Faire appel à un avocat spécialisé en droit commercial est vivement recommandé lors d’une cession de fonds de commerce ou d’une cession du bail commercial.

L’avocat sécurise toutes les étapes de la cession :

  • rédaction de la promesse de cession ;
  • vérification des clauses du bail commercial ;
  • accompagnement lors de la signature du contrat ;
  • contrôle du prix de cession et des conditions suspensives ;
  • gestion du séquestre du prix de vente sur compte CARPA ;
  • assistance lors de la publication et de l’enregistrement de l’acte de cession.

Il veille aussi à la protection des intérêts du vendeur et de l’acheteur, tout en assurant le respect du Code de commerce et du Code civil.

Le rôle de l’avocat est donc déterminant pour éviter tout risque juridique, fiscal ou contractuel lié à la cession du fonds de commerce ou du bail commercial.

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FAQ

Quelle est la différence entre la cession du bail et la cession du fonds ?
La cession du bail porte uniquement sur le contrat de location du local commercial, alors que la cession du fonds de commerce concerne l’ensemble des éléments du fonds, notamment la clientèle, le matériel et le droit au bail.
En pratique, le vendeur transfère à son successeur le droit d’exploiter le commerce dans les mêmes lieux loués, avec la même activité. La value du fonds dépend du chiffre d’affaires, des recettes, et du montant du loyer, selon des critères d’évaluation précis.


Le bailleur ou le propriétaire peut-il refuser la cession du bail commercial ?
Le bailleur ne peut interdire la cession du bail commercial que dans les cas expressément prévus au contrat, ou en cas de motif grave.
Par exemple, un refus pourra être opposé si le nouveau locataire exerce une activité non conforme à la destination du bail ou si l’obtention de certaines autorisations administratives conditionne l’exploitation.
Dans l’hypothèse où le bailleur refuse sans motif légitime, il pourra être saisi par le cessionnaire devant le tribunal de commerce.


Faut-il l’accord du bailleur pour céder son fonds ?
L’accord du bailleur n’est pas toujours nécessaire : le Code de commerce interdit les clauses qui empêchent la cession du droit au bail lorsqu’elle accompagne la vente du fonds de commerce.
Toutefois, certaines clauses d’agrément peuvent exiger une autorisation préalable.
Le locataire sortant doit alors procéder à la notification au bailleur selon la méthode prévue dans le contrat.
À défaut de respect de ces formalités, la cession de droit pourra être contestée ou conditionnée par le bailleur.


Quels sont les effets fiscaux et financiers d’une cession ?
La vente du fonds de commerce entraîne le paiement de droits d’enregistrement calculés selon le prix de cession et le taux applicable.
Le revenu tiré de cette opération constitue un bénéfice imposable pour le vendeur.
L’acheteur pourra, selon la réalité de l’exploitation, déduire certaines charges ou amortir le fonds, sous réserve des règles fiscales en vigueur.
Une indemnité peut être versée au bailleur en cas de résiliation du bail ou d’éviction du locataire.


Quelle est la marche à suivre pour réaliser une cession en toute sécurité ?
Pour réaliser la cession de bail ou du fonds de commerce, il convient de :

  1. Vérifier le contrat de bail commercial et les clauses relatives à la cession du droit ;
  2. Rédiger un acte de cession précis, indiquant la date, le prix, et les conditions ;
  3. Publier une annonce légale dans une commune du lieu d’exploitation ;
  4. Respecter les déclarations et formalités fiscales ;
  5. En cas de doute, soumettre le projet à un avocat ou à un conseil juridique compétent.

Quelles précautions le cédant doit-il prendre avant de vendre ?
Le locataire sortant, souvent associé ou dirigeant d’une société, doit vérifier la qualification juridique de la cession et les conditions suspensives prévues.
Il est tenu de transmettre au cessionnaire les informations relatives à l’exercice du commerce, aux salariés, aux charges, et à l’état des lieux.
Il doit également informer la commune si un droit de préemption est applicable.
La transmission doit être faite de manière rigoureuse, en conservant la preuve des démarches accomplies.


Quel rôle joue l’avocat dans la cession ?
L’avocat intervient à chaque étape : il vérifie la régularité du contrat de bail commercial, la validité des clauses, et la conformité de la procédure de cession.
Il veille au respect du Code de commerce et du Code civil, rédige ou relit l’acte de cession, et sécurise la conclusion du bail.
Son intervention garantit la transmission du fonds de commerce dans le respect des règles de droit, tout en protégeant les intérêts du vendeur comme de l’acquéreur.
Il peut également gérer le séquestre du prix, l’enregistrement fiscal et la publication de l’acte.


Comment évaluer la valeur d’un fonds de commerce avant sa vente ?
L’évaluation du fonds dépend de plusieurs critères d’évaluation : le chiffre d’affaires, le résultat net, la valeur locative, et la durée du bail restant à courir.
Le type d’activité, la fonction du local, le nombre de salariés, ainsi que la réputation de l’entreprise influencent également la value finale.
Un expert-comptable ou un avocat spécialisé peut être consulté pour compter les postes du bilan, apprécier les revenus, et conditionner la négociation au prix juste.


Quels risques en cas d’erreur dans la cession du bail ?
Une cession du bail mal rédigée peut être interdite ou annulée par le juge.
Si la clause de solidarité n’est pas limitée dans le temps, le locataire sortant reste tenu du paiement des loyers du nouveau locataire.
Le bailleur pourra alors engager une procédure devant le tribunal de commerce pour obtenir réparation.
En cas de défaut de notification ou d’autorisation préalable, la cession risque d’être inopposable au propriétaire du local commercial.


Quelles démarches accomplir le jour de la signature ?
Le jour de la signature du contrat, le cédant et le cessionnaire doivent :

  • signer l’acte de cession ;
  • établir l’état des lieux ;
  • vérifier les charges en cours et le paiement du loyer ;
  • informer la commune et, le cas échéant, le service public compétent ;
  • publier une annonce légale et déposer la déclaration au registre du commerce.
    Une attention particulière doit être portée aux formalités fiscales et à la publication dans le délai prévu.

La location-gérance peut-elle remplacer une cession ?
Oui, dans certains cas, une location gérance peut précéder une cession du fonds de commerce.
Ce contrat permet à un preneur d’exploiter temporairement le fonds, moyennant le versement d’un loyer ou d’un supplément de revenu au propriétaire.
Cette solution peut conditionner une vente ultérieure, en servant de période d’essai avant la transmission définitive.
Cependant, le bailleur doit donner son autorisation, et le locataire-gérant est tenu de respecter les règles du bail commercial.


Merci de ces précisions : un dernier conseil ?
Il est essentiel de ne pas sous-estimer la complexité de la cession du fonds de commerce ou de la cession du bail commercial.
Chaque affaire est unique, et les conditions juridiques varient selon la nature de l’entreprise, le lieu exploité et le type d’activité.
Avant de vendre ou de céder son bail, il convient de solliciter un conseil spécialisé capable d’analyser la réalité économique et les obligations légales.
Un avocat saura réaliser la démarche dans les formes requises, limiter les risques, et protéger les intérêts de toutes les parties.

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